Interview P. Néaoutyne sur Djiido à propos AG Palika janvier 2010

Journaliste : 70 à 80 militants et délégués du parti de libération kanake, le Palika était présent à l'île des Pins, ce samedi à la tribu de Gadji, pour son assemblée générale.C'est une première rencontre de l'année des membres du Palika, après celui du congrès de novembre dernier de Gondé  à Houailou. Au menu de ces retrouvailles, le bilan des élections provinciales aux îles, le transfert de compétences, l´emploi local, et enfin, le fonctionnement du parti. Il s'agit, en effet de savoir comment continuer à promouvoir le dialogue dans des situations de conflits que connaît la composante du Front. Paul Néaoutyine, porte-parole du Palika :

Paul Néaoutyine : Il s'agit de faire le point sur le portage des motions adoptées lors des derniers congrès de Tiéta et Houailou, et, en particulier la motion qui concerne la réorganisation des élections en province des Îles. Mais le bureau politique avait aussi demandé aux sections de base d'intervenir sur le fonctionnement de l'organisation de la section régionale, pour nous assurer que cette organisation permet bien aux gens qui sont adhérents du Palika de se rencontrer, de discuter du portage des motions, etc.

Donc, voilà, le portage des motions, c'est-à-dire qu'on décide, de congrès en congrès, d'orientations politiques sur un certain nombre de sujets qui vont concerner l'année à venir. On a pris cette habitude, mais effectivement, on se pose maintenant la question de vérifier quand même si ces motions sont bien assumées par nos militants de base.

Voilà, donc, c'est une longue assemblée générale qui a commencé un peu tard, qui a permis une présence très forte de nos militants, 22 structures étaient représentées sur 31, ben, d'être là déjà. Et les délégués se sont exprimés. Le débat était assez, comme d'habitude, assez franc, notamment sur le résultat de la consultation des îles et les incohérences qui ont pu être constatées, dans la mesure où une section régionale, celle d'Iaai avait appelé à voter, à ne pas voter la liste Palika mais la  liste UNR et qu'apparemment, sur Lifou, un certain nombre de militants du Palika étaient aussi sur la liste UNR. Donc, on a simplement échangé pour essayer de comprendre pourquoi ça se passe de cette façon, et la résolution qui vient d'être adoptée consiste à demander à l'ensemble de nos militants délégués ou pas délégués, de se remobiliser  pour d'abord défendre les motions, les appliquer, les respecter, et puis, faire en sorte que le combat que l'on mène dans la vie réelle avec, au sein de notre organisation, des associations, des entreprises, des syndicats, dans tous les cas, dans nos tribus, dans nos familles, dans nos clans, avec d'autres, mais qu'on puisse valoriser ces acquis-là et le faire savoir parce qu'on a pu souffrir du fait que les gens, peut-être ne voient pas très bien ce que le Palika fait, en particulier au sein de la province indépendantiste.

Journaliste : Et justement, à la question : est-ce que des sanctions seront prises à l'encontre des personnes qui ont appelé les militants à voter contre la liste Palika,  en tout cas la liste UNI, lors des élections du 6 décembre dernier aux îles.

Paul Néaoutyine tient à y répondre :

Paul Néaoutyine : Certains camarades ont interpellé en estimant que c'était grave que des militants aient fait prendre à la section régionale d'Iaai une position contraire à une motion adoptée au congrès, y compris avec les gens d'Ouvéa.

Ils nous ont interpellés : est-ce qu'il va y avoir des sanctions ? Donc, je crois qu'on en est resté au fait qu'il n'y a pas de sanctions prévues pour des motifs électoraux, en tous les cas au Palika, que c'est du ressort d'un congrès de décider si ça doit l'être, mais qu'en tous les cas, le Palika va rester à ce que nous appelions l'autocritique (?) des bases militantes, donc, il est demandé aux camarades d'Iaai de décider entre eux du fait qu'ils sont bien dans une section régionale du Palika et que, en tant que tels, ils doivent respecter dorénavant les motions qui sont décidées en congrès. Et donc, il n'y aura de sanctions à ce stade. S'il devait y avoir une prise de position sur le sujet qui serait contraire à ce que je viens de dire, ça ne viendrait que d'un débat interne entre les camarades d'Iaai. Ce sont des situations que nous avons déjà vécues. Et le Palika qui fonctionne d'abord sur un mode militant, sur la base de la critique, de l'autocritique, n'a pas prévu, dans son organisation, ni de règlement intérieur détaillé, ni de types de sanctions.

Journaliste : Le Palika ne traverse pas une grosse crise ?

Paul Néaoutyine : Pas du tout. J'ai eu à le dire tout à l'heure : on mène un combat qu'on a d'abord mené de façon marginale, sur la problématique de l'indépendance, la revendication des droits du peuple kanake, on a évolué vers un processus négocié où on se bat maintenant pour la citoyenneté. Donc, l'essentiel, dans ce combat, c'est qu'on arrête des positions politiques qu'on estime devoir servir les objectifs politiques, on les défend auprès de la population, on se présente dans les institutions quand il y a des élections, et nous sommes en démocratie.

Si les citoyens décident pas de nous élire, parce que notre discours n'est pas transparent, ça ne pose strictement aucun problème. Nous sommes d'abord des militants, et le Palika est bien présent aux îles. Il se reconstruira ou ne se reconstruira pas. Mais même si le Palika n'avait pas d'élus aux îles, il est fortement représenté aux îles, en tout cas depuis très longtemps, et donc, notre objectif, c'est pas d'être élus et d'être présents dans les institutions, c'est de faire en sorte que ce que nous voyons et proposons comme solutions pour le pays, soit d'abord entendu et développé avec les autres pour avoir un rapport de force favorable, mais si nous sommes absents des institutions, on sera toujours là pour défendre nos positions.